Source : Articles de Joseph Le Corre et Jean Le Borgne parus, le 14 août 2023, dans le journal "Le Télégramme" média régional français de Bretagne.
Malgré la multiplication des contraintes de stationnement, les camping-cars sont les bienvenus à la pointe bretonne. Passer une nuit gratuite avec vue sur mer est encore possible.
Eclairage
La région préférée et la mieux équipée
Par Joseph Le Corre
Les camping-caristes sont environ 1,4 million à sillonner la France, chaque année et 48% à préférer la Bretagne comme destination. Ils profitent de la liberté offerte par ces petites maisons à quatre roues sur les côtes bretonnes, chaque été.
Erick Colombé, président de l’association Ouest Camping-Cars (AOCC) membre de la Fédération Française des Associations et Clubs de Camping-Cars (FFACCC), l’assure : « On ne peut pas dire que les camping-caristes sont maltraités en Bretagne. » Au contraire même, avec plus de 500 aires de stationnement gratuites, la Bretagne est la région la mieux équipée pour accueillir les camping-caristes en France, selon Michelin.
« On a de bonnes relations avec les communes »
La Bretagne est la destination préférée des camping-caristes, selon la Fédération. Malgré quelques tensions occasionnelles entre riverains et camping-caristes, chaque été, la Bretagne demeure une terre d’accueil pour camping-cars. Dans le détail, ils plébiscitent le Morbihan, puisque 30% prévoyaient d’aller dans le département et le Finistère, avec 28% de camping-caristes qui souhaitaient s’y rendre. Globalement la Bretagne « devrait bénéficier de 4,5 millions de nuits », cet été.
Dans d’autres régions, les relations entre camping-caristes et municipalités sont, elles, parfois tendues. Ce fut le cas à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) où tous les véhicules dits « habitables », étaient interdits de stationnement. Le tribunal administratif avait finalement exigé le retrait de cette mesure.
Mais en Bretagne, Erick Colombé l’assure : « Les restrictions sont peu nombreuses, on a de bonnes relations avec les communes. »
500
En Bretagne,
plus de 500 aires
de stationnement gratuites,
peuvent accueillir les camping-caristes.
Par Jean Le Borgne
Depuis les hauteurs de Plonévez-Porzay (29), la vue est imprenable sur la chapelle de Sainte-Anne-La Palud et les plages de sable blond du fond de la baie de Douarnenez. « Ici, c’est très bien, on ne gêne personne », lance Didier, un quinquagénaire venu de Rochefort (Charente Maritime). Il a stationné son camping-car sur l’un des rares parkings de la pointe bretonne avec vue sur mer et accessible gratuitement aux véhicules de grande hauteur.
Pour les propriétaires de la dizaine de camping-cars qui se partagent le vaste parking panoramique, les vacances sont synonymes de liberté.
Dix-huit ans après avoir revendu leur caravane, Jacques et sa femme en témoignent. Le couple de retraités venu de Thionville (Moselle) n’imagine pas les vacances autrement : « Avec le camping-car, on a continué à aller au camping pendant deux ans. Mais on s’est vite rendu compte que c’est fait pour bouger, pour nous évader. »
Accueillir et réguler
Cette réalité n’échappe pas aux élus locaux, malgré la multiplication des arrêtés anti-stationnement. A quelques kilomètres de là, sur la route de la pointe du Raz, le parking de Kaste Koz est l’un des rendez-vous favoris des camping-caristes et autres propriétaires de vans. Depuis leur couchage, les vacanciers bénéficient d’un panorama de carte postale sur le cap de la chèvre. « Par beau temps, on peut voir la pointe Saint-Mathieu et deviner Ouessant », sourit Gilles Sergent, le maire de Beuzec-Cap-Sizun (29).
Labelisée Grand site de France depuis 2012, la petite cité se prépare à réaménager le parking. Mais pas question pour son maire d’y interdire le stationnement : « Notre objectif est de les accueillir, mais de les réguler. » Tolérés à Kastel Koz, les véhicules de loisirs ne sont, par contre, pas les bienvenus sur les autres parkings du littoral de la commune.
Les retombées dans la balance
L’enjeu est économique. Dans un rapport daté de 2019, Quimper Cornouaille développement, l’agence de développement économique du Pays de Cornouaille, soulignait l’importance du maillage des aires pour camping-cars, évoquant la nécessité de proposer un minimum de deux sites par communauté de communes. Particulièrement sur le littoral où les règles d’urbanisme ne permettent pas souvent aux campings, parfois saturés en plein été dont l’offre n’intéresse pas tous les camping-caristes, d’accueillir davantage de véhicules.
Installé pour la soirée à Plonévez, Nicolas, un Vannetais en vacances, regrette que « toutes les communes ne se rendent pas compte du pouvoir d’achat des camping-caristes. » Jean-Luc Lecigne, propriétaire de l’épicerie du Cap à Beuzec-Cap-Sizun fréquentée par des touristes, acquiesce si les conditions d’accueil sont importantes. D’autant que le bouche-à-oreille fonctionne entre eux.
Des véhicules plus petits
Oui mais voilà, les barres interdisant l’accès aux véhicules hauts se multiplient un peu partout. Didier a trouvé la parade en faisant l’acquisition d’un véhicule plus bas. Comme Mathieu et Réjane. Le couple de Rennais, en « escale » à Kastel Koz, s’est replié sur un petit véhicule utilitaire pour voyager sans encombre.
Si cet engouement, dopé par les conséquences du confinement pendant l’épidémie du covid, a pu provoquer des conflits d’usage, la situation semble apaisée cet été, à la pointe bretonne.
Camping-car en Bretagne : « Stationner, ce n’est pas camper »
Par Joseph Le Corre
Stationnement gênant, déversement d’eaux usées : Les camping-cars peuvent parfois créer des tensions dans certaines communes bretonnes.
« A Pâques dernier, c’était hallucinant. C’est simple, on voyait deux murs de camping-cars qui bouchaient totalement la côte. J’avais l’impression d’être chez un concessionnaire ! » expliquait au Télégramme, l’année dernière, le maire de Névez (29), Dominique Guillou.
Comme lui, plusieurs ont décidé d’interdire ou de restreindre le stationnement des camping-cars. Ces mesures sont pourtant « illégales », selon Marie-Madeleine Couturier vice-présidente du Comité de Liaison du Camping-car (CLC), « parce que selon la loi, un camping-car est une voiture comme les autres. »
« Stationner, ce n’est pas camper » martèle Erick Colombé, qui reconnait que, certaines fois, « des gens ne respectent pas les règles de base et participent à la mauvaise image des camping-caristes ».
A Saint-Malo, par exemple, plusieurs riverains se sont plaints du bruit et du déversement d’eaux usées sur le parking de la plage. « On a parfaitement le droit de dormir ou de manger dans un camping-car stationné sur un parking, comme une voiture. Mais par contre, il ne faut pas sortir les stores, le barbecue ou la télévision ! », explique Erick Colombé.
« Il y a un nouveau phénomène avec le camping sauvage »
Les vans aménagés, en plein essor, posent davantage de problèmes, affirme Erick Colombé : « Il y a un nouveau problème avec le camping sauvage. Malheureusement, certains pensent qu’on peut s’arrêter n’importe où, n’importe comment. Il est illégal de faire sa vidange sur les parkings ou dans les égouts, il existe assez d’aires de services en Bretagne pour le faire », estime-t-il.
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