Source : article d'Alain VACHERON paru le 27/02/2025 dans les actualités du magazine Le Monde du Camping-Car
Pour de nombreux voyageurs en camping-car, le Portugal se traverse rapidement pour atteindre la côte. Pourtant, au sud de Lisbonne, une région recèle bien des trésors cachés : l’Alentejo du sud, qui signifie littéralement « au-dessous du Tage ». Nous vous proposons de partager nos découvertes : villages perchés, forteresses imposantes, campagnes aux douces collines verdoyantes parsemées de chênes-lièges, et surtout une douceur de vivre et un dépaysement garantis.
C’est une agréable parenthèse de quelques jours pour tous les amoureux du Portugal. Si les villages sont beaux et accueillants, nous sommes particulièrement admiratifs des paysages de campagne.
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Une excursion hors-saison idéale en camping-car
Nous vous conseillons de réaliser ce voyage au printemps ou en automne pour ne pas subir les très fortes chaleurs : la température peut monter jusqu’à 45°C en été. Au printemps, les champs sont tapissés de fleurs et contrastent avec le vert sombre des chênes et oliviers. Les troupeaux de bovins, de moutons, de chèvres, de porcs… broutent en toute liberté dans cette nature grandiose ponctuée des fermes blanches perchées sur les collines.
Première étape : Marvão, une entrée en matière idéale
Que vous traversiez l’Espagne depuis le Pertuis ou par la Côte Basque, votre route passera par Cáceres, au sud-ouest de l’Espagne. Ce sera le point de départ de notre parcours, en empruntant la N521 qui vous mènera à la frontière portugaise.
À une dizaine de kilomètres, vous trouverez le tranquille bourg de Marvão, perché sur le point le plus élevé des montagnes environnantes. Surmonté d’un château fort et de remparts, le village de Marvão surplombe les vallées du Parc naturel de São Mamede. Du haut de la tour, vous profiterez d’un panorama à 360°. Par beau temps, on peut voir jusqu’à 100 kilomètres ! La domination arabe dura quelques siècles dans tout le sud de la péninsule ibérique, et ce village servait de refuge aux guerriers maures. À l’intérieur des murailles se trouve un bel ensemble d’architecture populaire de l’Alentejo. Dans les rues étroites de Marvão, vous découvrirez des voûtes gothiques, des fenêtres manuélines, des balcons en fer forgé qui embellissent les maisons, ainsi que d’autres détails intéressants dans des recoins marqués par le granit local.
À faire : À la Pousada de Santa Maria, vous pourrez vous reposer et savourer une gastronomie régionale de qualité.
Faire étape en camping-car à Marvão : L’aire de camping-car gratuite est située en contrebas, au pied des murailles, et peut accueillir une dizaine de véhicules. Vous utiliserez vos cales, car le terrain est légèrement en pente. Au matin, vous profiterez d’une vue exceptionnelle. Les services de vidange et d’eau propre sont assurés par une borne artisanale.
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Se perdre dans les rues de Castelo de Vide
Continuons notre périple vers Castelo de Vide, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest. Cet agréable village de 4 000 habitants est également surmonté d’un château fort, mais l’intérêt du lieu réside dans ses petites ruelles fleuries et ses murs peints en jaune ou bleu. Il est agréable de s’y perdre pour découvrir les différents quartiers.
À faire : Ne manquez pas de vous arrêter boire un café au lait accompagné d’un pastel de nata dans une des nombreuses pastelerias (pâtisseries/bars). C’est une véritable institution au Portugal. Tout au long de l’année, les habitants s’y retrouvent pour faire une pause le matin, mais surtout pour discuter.
Stationner son camping-car à Castelo de Vide : Le parking se situe en contrebas du village, non loin du cimetière.
De Castelo de Vide à Elvas
Prenons la direction d’Elvas par la N246. Cette route très peu fréquentée et assez étroite vous plongera dans un univers plus rural. Champs d’oliviers et vignes entourent les quintas (grandes fermes) : n’oublions pas que l’Alentejo est une région viticole de grande tradition, avec des vins qui surprennent par leur excellence, leurs arômes et leurs robes.
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Elvas et ses merveilles architecturales
En arrivant à Elvas, on tombe immédiatement sur le gigantesque aqueduc de 7km, composé de 843 arches, construit par l’architecte Francisco de Arruda (16e siècle), qui a également bâti la tour de Belém à Lisbonne. Stratégiquement située près de la frontière espagnole, Elvas fut progressivement construite à l’intérieur des murailles, dans un système défensif complexe. Ces fortifications sont désormais inscrites au patrimoine mondial. Vous pouvez laisser votre véhicule face à l’aqueduc avant de gravir la route menant au centre de la ville. Une fois encore, laissez-vous porter par le charme des ruelles. Sur les façades des maisons, des cages d’oiseaux rivalisent de chants stridents.
À faire : Au cœur d’Elvas, le quartier du château est la partie la plus ancienne de la ville. Vous reconnaîtrez facilement les arches indiquant les anciennes portes des remparts. Riche en histoires de batailles et de bravoure, Elvas est aujourd’hui une ville paisible où vous serez bien accueillis : n’hésitez pas à déjeuner dans les nombreux restaurants pour déguster les spécialités locales, telles que les Migas com entrecosto (mélange de pain, d’huile d’olive et d’ail, servi avec des travers de porc) ou encore l’étonnant Carne de porco à alentejana (viande de porc préparée avec des pommes de terre et des palourdes), un délice que j’ai testé pour vous !
Conseils pour l’étape en camping-car à Elvas : Il est possible de passer la nuit au pied de l’aqueduc, mais vous risquez d’être quelque peu gêné par le bruit de la grande avenue à proximité.
Sur la route vers Monsaraz et le lac Alqueva
En route pour Monsaraz, certainement le plus bel endroit de notre périple. Depuis Elvas, prenez la N373 puis la N381 à travers la campagne vallonnée, bordée de majestueux chênes-lièges marqués d’un numéro peint sur le tronc (3, 4, 5, 6…). Ce chiffre indique l’année de la dernière récolte de liège, afin d’évaluer l’épaisseur pour les récoltes à venir. Le Portugal est le premier producteur mondial de liège pour la confection de bouchons haut de gamme, et les résidus sont utilisés pour fabriquer des isolants phoniques et thermiques. Vous verrez également des élevages de cochons noirs, nourris uniquement des glands tombés des chênes, ce qui donne un goût unique à la charcuterie locale. N’oublions pas que nous sommes à quelques kilomètres de l’Espagne, pays du jamón ibérico, et cette tradition a aussi traversé la frontière.
Le barrage d’Alqueva a profondément modifié l’aspect des lieux
Nous voici arrivés dans la région de Monsaraz. À l’origine de ce paysage de carte postale, un barrage qui fait du lac d’Alqueva le plus grand lac artificiel d’Europe : il s’étend sur 85km de long ! La construction du barrage a duré 27 ans, non sans difficultés ; Luz, village submergé par les eaux en 2002, a été «cloné» et déplacé à quelques kilomètres. Là où s’étendaient autrefois des champs d’asperges, d’oliviers, de chênes-lièges et de chênes verts, règnent désormais un plan d’eau et une nouvelle vie, sans apporter de véritables bénéfices à la population. Les infrastructures touristiques sont rares et pour la population locale, cet ouvrage n’a pas changé radicalement le destin de la région.
Et, dominant le lac, Monsaraz
Au-dessus du barrage se dresse Monsaraz, une forteresse imprenable qui semble être restée figée dans le temps. Des remparts médiévaux entourent entièrement le village, offrant des vues imprenables sur le lac Alqueva. L’entrée principale du village se fait par une imposante porte en pierre. À l’intérieur, des ruelles pavées, des maisons blanches aux volets bleus et des fleurs colorées ornant les fenêtres donnent à Monsaraz un charme intemporel. Le château, qui domine le village, servait autrefois de point stratégique de défense contre les invasions, et ses remparts offrent aujourd’hui une vue spectaculaire sur le lac et les plaines environnantes.
À faire : Ne manquez pas de visiter l’église paroissiale de Nossa Senhora da Lagoa, un bel exemple d’architecture baroque, et de vous promener dans les petites ruelles du village où les artisans locaux proposent leurs créations, notamment des articles en liège, en céramique et des textiles.
Étape paisible en camping-car à Monsaraz : Perchée au sommet du village, l’aire de camping-car est idéalement située. Elle est gratuite, mais ne propose pas de services de vidange ou d’approvisionnement en eau. Vous devrez prévoir de faire le plein avant d’arriver. L’endroit est paisible et vous pourrez admirer les étoiles la nuit, loin de toute pollution lumineuse.
Evora, un musée à ciel ouvert
Après cette étape, dirigeons-nous vers Évora, à environ 70 kilomètres au nord de Monsaraz. Cette ville, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un véritable musée à ciel ouvert. Sa cathédrale gothique, son temple romain et ses palais de la Renaissance en font une étape incontournable.
À faire : Ne manquez pas la chapelle des os (Capela dos Ossos), une des attractions les plus intrigantes d’Évora, où les murs sont décorés avec des milliers d’ossements humains.
Faire étape en camping-car à Evora : Pour les camping-caristes, il existe une aire à Evora située à proximité du centre historique, mais celle-ci est souvent très fréquentée. Il est conseillé d’arriver tôt pour trouver une place. Les services d’eau et d’électricité sont disponibles, mais limités. Vous pourrez également stationner dans certains parkings payants autour de la ville si l’aire est complète.
Il est temps de découvrir les vins de l’Alentejo (avec modération…)
Poursuivons notre route vers le sud par la N256, en faisant le tour du plan d’eau pour nous rendre à Moura. C’est le bon endroit pour découvrir les vins de l’Alentejo. De qualité, ils sont généralement des vins d’assemblage, c’est-à-dire élaborés à partir de plusieurs cépages, caractérisés par leurs arômes de fruits noirs, associés à des notes florales, boisées et épicées. Malgré leur opulence, ces vins ne manquent ni d’élégance, ni d’équilibre. Les blancs surprennent souvent par leur fraicheur et leur agréable légèreté ; à découvrir à la maison du vin, au pied du château de Moura.
Dernière partie de votre excursion : le Parc Naturel do Vale do Guadiana
À Serpa, comme à Elvas, un aqueduc alimentait en eau la ville fortifiée. Cette petite ville, aux rues étroites et aux maisons blanchies à la chaux, renferme une jolie place pavée. Par curiosité, montez pour découvrir l’entrée effondrée du château, mais aussi les oliviers millénaires, imposants, plantés au pied des murailles. Nous entrons à présent dans le Parc Naturel do Vale do Guadiana. La route serpente à travers d’immenses plaines aux airs de far-west. D’ailleurs, il n’est pas rare de croiser des cavaliers sur leurs chevaux Lusitaniens, dans cette région où le cheval est profondément enraciné.
Le dernier village : Mértola
En suivant la rivière Guadiana vers le sud, nous arrivons à Mértola, sublime et dernier village de notre parcours. Munissez-vous de vos chaussures de randonnée, car pour arriver au sommet il n’y a pas moins de 160 m de dénivelé… presque vertical. Mértola n’est qu’à 70 km de la mer par la rivière, et fut par le passé un port de commerce florissant, à l’époque préromaine. Il ne vous reste plus qu’à parcourir quelques kilomètres afin d’apercevoir l’océan Atlantique.
À faire : Le château fort du XIIIe siècle, construit par les Maures pendant l’occupation arabe, a conservé de son passé musulman une ancienne mosquée transformée en église catholique. Les monuments et les repères témoins de ce passé sont parsemés un peu partout dans la ville, toujours ceinturée par l’ancienne muraille, longue d’un kilomètre. Ici aussi, il est agréable de flâner dans les ruelles et découvrir l’intimité de la vie des habitants.
Ultime étape en camping-car à Mertola : Le parking se trouve en bas du village, au bord de la rivière. C’est parfait pour passer la nuit au calme. Mais attention, pas de service de vidange, ni d’eau
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